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Vingt-cinq siècles d’occupations humaines au cœur d’Onnaing

L'histoire enfouie sous nos pieds révèle parfois ses secrets au moment le plus inattendu.

Suite à la mise à jour inopinée de vestiges anciens, dans le cadre d’un projet de création d’un lotissement par la société Habitat Hauts-de-France et d’un parking par la Ville d’Onnaing, une équipe d’archéologues de l’Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) a été mandatée par les autorités de la région Hauts-de-France, sur prescription de l’État (Direction Régionale des Affaires culturelles des Hauts de France), afin de fouiller un site qui dévoile une incroyable succession d’occupations humaines, s’étalant de la Protohistoire ancienne à la période moderne. Le terrain se situe juste derrière l’église Notre-Dame-de-Grâce, à proximité de la nouvelle halle. 

Ce qui rend cette découverte fascinante, c’est que la majeure partie des vestiges mis au jour remonte à l’époque carolingienne, entre les VIIIe et Xe siècles. Reculant encore de quelques siècles la naissance de la ville d’Onnaing. 
Cette période charnière de l’histoire européenne, marquée par l’essor de l’Empire carolingien, réserve sans aucun doute de précieuses informations sur la vie et la culture de nos ancêtres.

Le jeudi 31 août, une délégation d’élus emmenée par Xavier Jouanin, Maire, accompagnée de représentants de l’association Histoire et Vie d’Onnaing, est allée à la rencontre de cette équipe de chasseurs de vestiges, passionnés et avides de partager leurs découvertes.

Une importante occupation rurale à l’aube du Moyen Âge
À mesure que les fouilles progressent sur ce site archéologique, une véritable épopée à travers les âges se dévoile, apportant de précieuses révélations sur les civilisations qui l’ont occupé. La plus ancienne occupation mise en évidence remonte provisoirement au début de l’Âge du Fer, soit aux alentours de 800-500 av. J.-C. 
À cette époque, le paysage était marqué par une petite ferme, témoignée par quelques fosses et un grenier à quatre poteaux. Ces découvertes suggèrent la présence de communautés agricoles qui ont laissé leur empreinte dans ces terres bien avant les grandes civilisations qui suivront.

Cependant, c’est à l’époque gallo-romaine que le site commence à se structurer de manière plus élaborée. Des fossés apparaissent, délimitant des parcelles de terre, révélant une organisation spatiale plus sophistiquée. Ce moment charnière de l’histoire européenne a vu la région être façonnée par la présence romaine, marquée par la construction de routes, de villas, dont une en particulier, dont les vestiges pourraient possiblement être situés sous l’église Notre-Dame-de-Grâce…

Les archéologues ont passé une partie de l’après -midi à expliquer aux visiteurs de quelle manière ils plongent dans ces strates temporelles avec l’espoir de mieux comprendre comment les communautés locales ont évolué, se sont adaptées et ont interagi avec les cultures et les événements majeurs de leur époque. 

Une importante occupation rurale à l’aube du Moyen Âge
Plusieurs dizaines de structures ont été identifiées comme appartenant à la période carolingienne, offrant un précieux éclairage sur la vie et l’organisation sociale de cette époque. Parmi ces découvertes, on compte de très nombreux trous de poteaux, dont l’organisation spatiale n’est pas immédiatement apparente, laissant supposer des activités variées.

Certaines d’entre elles ont servi de silos, permettant le stockage de denrées essentielles pour la survie de la communauté. D’autres étaient dédiées à l’extraction de terre argileuse, utilisée pour la fabrication du torchis et dans diverses activités artisanales. Ces fosses, bien que destinées à des usages pragmatiques, sont devenues au fil du temps des dépotoirs, préservant ainsi un trésor inestimable d’objets et d’artefacts qui nous plongent dans la vie quotidienne de la population carolingienne.

Parmi les trouvailles les plus significatives, une fibule imitant une monnaie impériale se démarque. Datée probablement du IXe siècle, cette imitation reflète l’influence de l’Empire carolingien sur cette région et suggère des échanges culturels et commerciaux dynamiques à l’époque. Cette petite pièce témoigne de l’ingéniosité et de la créativité des artisans de l’époque, ainsi que de l’importance de la monnaie en tant qu’élément symbolique et économique.

Une occupation médiévale
L’église, en tant que lieu de culte et de rassemblement communautaire, a souvent été le point central autour duquel les populations se sont regroupées et ont construit leur vie quotidienne. Cette présence spirituelle a été un ancrage essentiel pour la continuité de l’occupation humaine à Onnaing.
De plus, la proximité de l’Escaut, un important cours d’eau, ainsi que d’un chemin vital reliant Valenciennes et Mons, les deux principales villes du comté du Hainaut, ont joué un rôle déterminant dans le maintien de l’activité et du peuplement dans cette région. Les voies de communication et les voies fluviales ont toujours été des facteurs cruciaux pour l’essor économique et social des localités médiévales, permettant les échanges commerciaux et culturels.
Les archéologues ont également mis au jour un vaste fossé, en usage du XIIIe au XIVe siècle, qui encerclait probablement un espace à vocation agricole d’une ferme. Les découvertes céramiques issues de ce fossé témoignent de la présence d’activités artisanales à proximité immédiate. Cette ferme et ses activités reflètent l’importance de l’agriculture et de l’artisanat dans la vie médiévale de la région. Chaque pièce de céramique retrouvée est comme un instant figé dans le temps, rappelant les gestes et les savoir-faire de ces anciens habitants.
En somme, Onnaing se dévoile comme un véritable témoin du passé, où la géographie, la spiritualité, le commerce et le travail de la terre se sont entrelacés pour façonner une histoire riche et complexe. L’exploration de ce site continue à nous offrir un aperçu précieux de la manière dont les sociétés médiévales ont prospéré et évolué au fil du temps.

Des vestiges de l’époque moderne
L’histoire du site se prolonge bien au-delà de l’époque médiévale, jusqu’à nos jours. D’une manière plutôt inhabituelle, il semble avoir été préservé des constructions au fil des siècles. Au lieu de cela, il a joué divers rôles au sein de la communauté locale, servant tour à tour de prairie, de verger et même de jardin. Cette continuité d’utilisation de l’espace reflète l’attachement durable de la communauté à cet endroit, ainsi que son adaptation aux besoins changeants au fil des siècles.
L’un des éléments les plus marquants découverts sur le site est un four à briques, potentiellement daté du XVIIIe siècle, qui a été partiellement mis au jour en bordure de la zone. Ce four, d’une imposante largeur de 9 mètres et d’une longueur indéterminée, est le type de structure qui pouvait produire des dizaines de milliers de briques à la fois. Ces fours de briquetiers, parfois appelés “fours à briques en meule,” étaient généralement temporaires et servaient à la fabrication de briques destinées à la construction de bâtiments à proximité.

Il est intéressant de noter que ces briques auraient pu être utilisées pour reconstruire des bâtiments après des incendies mentionnés en 1750 et 1790. Cette période tumultueuse de l’histoire du site souligne à quel point il était étroitement lié à la vie de la communauté et à son histoire locale. Chaque brique façonnée dans ce four évoque peut-être la résilience et l’effort collectif pour rebâtir après des événements dévastateurs.

En fin de compte, ce site d’Onnaing est bien plus qu’un simple témoignage de l’histoire ancienne. Il est également un miroir reflétant les changements et les évolutions de la société au fil du temps, ainsi que la manière dont les gens ont utilisé et préservé ce lieu au cours des siècles. En continuant d’explorer ce trésor archéologique, nous nous rapprochons encore davantage de la compréhension de notre propre histoire et de l’histoire riche et variée de cette région.

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