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” Ça doit changer ! “

L'hymne à la tolérance de Laurence Delille

Des yeux bleus, pétillants, une allure pimpante : Laurence Delille est l’incarnation même du dynamisme et de la bonne humeur.

Son handicap, elle n’en fait état que pour dénoncer ceux qui s’en moquent et, plus largement, pour condamner toute forme de harcèlement. Comme elle l’a fait récemment à travers une chanson, “Ça doit changer”, et un clip vidéo.

À 56 ans, Laurence est une survivante. Dès sa naissance, elle déclare de lourds problèmes de santé : convulsions, épilepsie, troubles gastriques et malformations osseuses.  

À 6 ans, les médecins lui diagnostiquent une scoliose idiopathique évolutive qui la contraint à porter un corset de Milwaukee ; elle est appareillée du cou aux hanches.  

À 13 ans, elle subit une lourde opération chirurgicale : la pose d’une tige sur la colonne vertébrale et une greffe au niveau de la hanche. “Sans cette opération, Laurence aurait été bossue”, témoigne sa maman, Jeanine. Mais des complications surviennent, qui la laissent paralysée des deux jambes.  

Laurence se retrouve alors en rééducation au centre Marc-Sautelet de Villeneuve d’Ascq, où elle réapprend peu à peu à marcher. Battante dans l’âme, elle s’y initie au tir à l’arc et remporte même un concours.  

Libérée de son corset à 18 ans, Laurence n’en a malheureusement pas fini avec les soucis de santé. “À 30 ans, j’ai dû me faire poser une prothèse dentaire totale car j’avais encore mes dents de lait.”  

En 1999, suite au décès de son papa, elle déclare un psoriasis sévère pour lequel elle est traitée, aujourd’hui encore, par chimiothérapie. Un lourd traitement qui la contraint à une piqûre tous les trois mois et à un suivi régulier par un dermatologue.  

Appareillée depuis quelques années pour une apnée du sommeil, Laurence est également sous oxygénothérapie. Des examens ont en effet révélé tardivement que le port du corset lui avait comprimé le thorax, réduisant sa capacité respiratoire. 

Au quotidien, Laurence peut compter sur le soutien sans faille de sa maman et de son compagnon, Anthony (notre photo), avec qui elle partage une même passion pour le chanteur Amaury Vassili.  

Très active sur les réseaux sociaux, Laurence – qui est aussi membre du conseil d’administration du CCAS d’Onnaing et du comité d’usagers du centre social le PHARE – anime d’ailleurs une page Facebook consacrée à son idole. Une exposition qui lui vaut malheureusement d’être régulièrement en butte aux moqueries et autres méchancetés. 

Mais dans la “vraie vie” non plus, les gens ne sont pas tendres : “On se moque de mon déficit intellectuel, de ma démarche. Ou alors, on nie mon handicap. Pour ceux qui en doutent, je tiens les radios de ma colonne vertébrale à leur disposition”, s’amuse Laurence, connue pour son fort caractère.  

C’est tout cela qui a donné à Laurence l’idée de cette chanson : “Ça doit changer”. “L’an dernier, avec le PHARE, nous avons travaillé à un clip sur le harcèlement scolaire. Suite à quoi, Stanko (Grujic, le directeur du centre social, NDLR), m’a demandé si je n’avais pas une autre idée de projet. J’ai donc proposé de travailler sur le harcèlement dont sont victimes les personnes comme moi, en situation de handicap.” 

Valérie, la sœur de Laurence, qui travaille dans le milieu médical et sait mieux que quiconque tout ce que sa cadette a traversé, écrit les paroles d’une chanson. Stanko la met en musique et réalise le clip, tourné par Anthony dans le cadre verdoyant du parc de loisirs d’Onnaing. “Je tenais à ce clin d’œil à ma ville que j’aime tant”, justifie Laurence.  

La voix est tremblante mais le message est ferme lorsque Laurence déclare que “Ça doit changer” et dénonce “la violence inutile et futile de ces propos insultants”. “Ça doit changer pour nous, nous que la vie a blessés. Ça doit changer pour nous, nous les handicapés”. 

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